La liberté  la plus importante, la plus primitive est la liberté de mouvement.   Elle  se divise en une multitude de sous branches. Le mouvement nous définit, nous maintient en vie un tant soit peu humain. C’est un élan vers l’avenir, notre évolution. La liberté humaine  est très souvent  altérée. On a parfois plus vraiment l’énergie de  bouger. Le travail, les différentes technologies nous enchainent parfois. Toutes ces choses nous poussent à aller contre nous memes. Récemment j’ai lu La horde du contrevent d’Alain Damasio. Je ne sais pas pourquoi ce livre est relié à mes pensées du moment. Le mouvement, lutter coute que coute contre la force du vent et avancer toujours. Pour résumer ce livre en deux mots : La terre est engloutie par des vents d’une force inouïe. Un groupe d’une quinzaine d’individus lutte contre le vent pour rejoindre l’extreme amont.

Depuis le premier bipède nous avons toujours exploré, recherché quelque chose. Comme si nous étions programmé pour avancer et chercher toujours mieux. La plupart des chercheurs pensent que ce qui fait la spécificité d’Homo sapiens est un changement cognitif majeur : la quête permanente d’un nouveau territoire. Contrairement à d’autres espèces nous avons traversé les millénaires grâce à cette incapacité de rester sur cette même petite parcelle. On a tendance à l’oublier, durant des millénaires nous avons été des nomades. Peut être, la vie était plus compliquée, incertaine mais aussi beaucoup moins contraignante. La sédentarité est un événement récent. Beaucoup naissent, vivent et meurent au même endroit. C’est très beau et noble mais j’espère qu’eux aussi cherchent.

Le confinement même si il a été nécessaire a été le paroxysme de la sédentarité. Je ne comprends pas les gens qui ont bien vécu le confinement, la répétition, l’enfermement et l’attente absurde. Depuis deux ans l’on s’est soumis gentiment. On a consenti passivement à la surveillance de nos mouvements alors qu’ils nous appartiennent. Notre espace de vie s’est réduit à peu de chose. Les contraintes sanitaires mises en place vont à l’encontre de notre éspèce. C’est contre nature.

Chaque époque définit ce qu’est une belle vie. Une vie pleine et remplie. Au moyen âge il fallait être un seigneur, s’établir, créer une lignée. En Egypte antique il fallait construire sa pyramide pour garantir sa vie dans l’au delà. Notre époque est celle de l’expérience. Une vie riche est une vie permettant de s’être confronté à des choses différentes et difficiles.

Pour la génération millénialle à 18 ans il fallait avoir fait son grand voyage. Sa grande expérience loin du monde que l’on a connu. C’était plus  de l’ordre du rite de passage que de la liberté. Cette génération avait peur de l’immobilisme, des parcours obligés. Que lui offre t’on avec le covid?

J’aurai détesté avoir vingt ans à notre époque. Toutes les expériences que vous avez vécu à vingt ans, eux ne les auront jamais. La légéreté , l’espoir, le romantisme des vingt ans… Dissipés avec le covid. Ce n’est pas une guerre mais quand même cette époque est à l’opposé de nous.

Je suis actuellement au Chili et je réalise à quel point voyager est devenu le luxe de ceux qui n’ont pas peur d’échouer dans la quête des documents inutiles et insensés. Test pcr, certificats de vaccinations en plusieurs langues, déclaration de santé, passe de mobilité, assurance vie… Tout est fait pour nous couper du mouvement primitif et essentiel. Il faut avoir peur, il faut déduire que l’on ait jamais mieux que chez soi  au fond de son canapé.  Au contraire on devrait se sentir effrayés de ne pas avoir suffisamment vu la terre.

Je n’ai jamais été stréssée par les préparatifs d’un voyage mais je suis obligée de le dire, cette fois j’étais particulièrement angoissée. J’ai toujours une joie simple et pure à partir mais cette fois, même  dans l’avion je n’ai rien ressenti. Pas d’exaltation, pas de sensation d’avoir accompli quelque chose d’important. J’ai juste eu l’impression d’être une bonne élève qui n’a oublié aucun document. Vraiment le voyage d’avant ne ressemblera plus au voyage d’après. Les périples lointains vont devenir exceptionnels. On nous a retiré toute spontanéité. Je sais qu’il ya pire condition sur terre que celle du voyageur occidental un peu contrarié dans ses projets. Le danger existe sur le long terme. Le repli sur soi et sa petite vie sont dangereux. Je me demande jusqu’où irons nous dans la passivité, dans l’acceptation. Les gens renonceront peut être à la liberté de mouvement par peur. On mérite vraiment mieux que la vie de Jim Carrey dans the Truman show. 

J’ai l’impression que la vie quotidienne est la répétition d’une succession de tache à abattre. L’on s’est robotisé. Dans cette mécanique quelques semaines de liberté ailleurs nous rappelle que l’on est cette espèce furieuse de vivre.

14 Comments

  1. merci pour ce joli texte extremement émouvant, je te rejoins totalement dans l’intégralité de ton point de vue. Je te souhaite plein de merveilleux voyages sans restriction dans le futur.

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  2. Bonsoir,

    Je vous remercie pour votre fidélité à Aphadolie.com (plus de 5 ans). Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir en faire autant de mon côté mais vous connaissez mon problème avec WordPress : interactions sociales au minimum, je ne peux même plus liker un article….

    Je vous souhaite un très bon weekend.

    Cordialement.

    Eric / Aphadolie

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