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Voyager et utiliser les réseaux sociaux n’est il pas un des plus grand paradoxe du voyageur contemporain? Est ce que la modernité a enlevé la beauté et la magie du voyage? Perdons nous un peu de nous même en mêlant aventures et réseaux sociaux ?À l’inverse faisons nous du voyage un mythe encore plus grandiose?

On voyage par amour de la liberté mais nous sommes, d’une certaine manière, asservis aux réseaux sociaux. En tant que néo blogeuse je m’inclue dans ce mecanisme. Mon ambivalence est d’avoir nommé ce blog affranchie car je considère le voyage comme un affranchissement mais, paradoxalement, j’ai choisi une forme d’asservissement virtuel. Je ne sais pas si le mot asservissement est le plus adapté, le plus juste. Je n’en posséde pas d’autres. Si ce questionnement est le mien, il est peut être aussi le votre.

Quand j’y pense, évoquer l’impact des réseaux sociaux sur le voyage via un blog, en le postant sur Facebook est déjà une mise en abîme virtuelle étrange! Christopher Nolan adorerait!

j’ai toujours été nostalgique des mythiques voyageurs. Eux seuls ont vécus de vraies découvertes, de vraies aventures. J’ai toujours eu l’impression que leurs quêtes étaient plus justes, plus authentiques, plus dangereuses et que nous vivions seulement des ersartz de tout ça. J’ai de l’admiration pour eux car finalement ils sont des mystères. Eux aussi, ont partagés leurs periples mais d’une manière complètement différente de la notre.

Faisons voyager dans le temps nos réseaux sociaux et laissons divaguer notre imagination : Si Christophe Colomb avait eu un « free wifi » à bord de la Santa Maria aurait il balancé des snaps au reste du monde? Nous aurait-il fait cadeau d’un snap avec le filtre fleur hawaïenne? Aurait il twittait à son arrivée en terre promise #enplaceauxindes puis finalement re twittait #sorryguys #wtf #weareinfuckingamerica ? Encore un voyageur qui n’avait pas l’appli maps.me!

Si Marco Polo avait eu accés à des bornes wifi sur la route de la soie aurait il posté un selfie accompagné de Kubilai khaan? Lequel aurait plus de followers sur instagram Jack London ou Hemingway ? Lirait on le blog d’Alexandra David Neel plutot que ses récits de voyage? Qu’aurait filmé Magellan avec sa go-pro?

À cette époque il fallait une personnalité extraordinaire pour voyager. Désormais Le voyage est accessible à tous.À vous, comme à moi… On est simplement des gens ordinaires voulant rendre nos vies un peu moins ordinaires,un peu plus magiques, un peu plus folles. Nous sommes en quête de vérité, d’authenticité, de beauté….

Parfois nos voyages sont aussi une forme de rejet du monde contemporain, des technologies et de la vacuité des relations. Alors pourquoi rester connecter? Pourquoi chercher un vague lien et un semblant d’humanité via le virtuel alors que l’humanité est dans nos rencontres réelles?

Je me suis souvent demandé si la création d’un blog ne dénaturerait pas ma manière de voyager. Est ce que je conçois à travers ce médium quelque chose de vrai ou une illusion? Est ce moi ou une version améliorée de moi meme? Je n’ai rien de spécial. Je suis une apprentie voyageuse, alors pourquoi ecrire ce post?

Les resaux sociaux sont une réalité déformante. On montre le meilleur de nos vies et le meilleur de nous même. Quand je regarde le fil d’actualité de Facebook, je me suis souvent sentie seule et pathétique. Pourquoi ce mec est il à un festival rock, pourquoi cette fille fait un saut en parachute alors que je suis au fond de mon lit en train de manger des Corns Flakes ?

À Kampot au Cambodge, j’ai assisté à la dispute d’ un couple francophone digne d’un des pires môments du Jerry Springer Show! Une dispute mi crise psychotique, mi possession démoniaque! Le truc terrible ou l’on se dit en tant que témoin de la scène : « God bless America & le célibat  »

Plus tard, j’ai repensé à eux. Çela doit être terrible de vivre une dispute aussi cataclysmique en voyage car personne ne vous y prépare. Pire il est quasiment interdit d’en parler, c’est un tabou qui risque de démystifier le « couple voyageur ». Peut être ont ils un compte insta, sur lequel ils ont postaient, quelques heures plus tard un magnifique cliché d’eux « love to love », avec pour toile de fond une plage de sable blanc sur lequel le mec a dessiné un coeur avec ecrit : « I love U babe ». Tout ça pour dire qu’il y’ a une part de « fake » dans nos posts!

La plupart des blogs de voyage sont une ode à l’aventure et le mien n’échappe pas à ce « complot virtuel ». J’ai vécu des moments merveilleux, fait des rencontres sublimes. Mais j’avoue avoir également passé des journées pourries en voyage. Pourtant j’ai quand meme posté des « photos cartes postales » sur Facebook . Ces photos n’étaient parfois absolument pas représentatives de la réalité. Elles ne reflétaient pas mon humeur ou ma journée. Alors pourquoi transmettre une émotion fausse ou une réalité déformée alors qu’on est en quête d’authenticité?

Tout simplement pour prolonger son propre réve et celui des autres. Le pire des mensonges est le mensonge à soi même. Il faut avoir conscience de cette part de falsification pour etre authentique et vivre un vrai voyage.

Il y a vingt ou trente ans, on avait un regard critique sur les asiatiques mitraillant, à coup de flash, tout sur leurs passages. C’est vrai c’est un peu ridule. Instagram et Facebook ont décuplé ce phenoméne. J’ai compris un truc en rencontrant un couple Hong-kongais en Grece. La plupart de ces voyageurs ont seulement dix jours de repos par an et travaillent parfois plus de cinquante heures par semaine. Alors, lorsqu’ils vivent et voyagent tout doit être immortalisé. Juste pour se souvenir. Juste parceque le voyage est fugace. La vie réelle les rattrapera bien assez vite.

On s’est tous selfisé un jour ou l’autre! Combien de fois j’ai regardé mes photos de voyages en me disant :j’étais là et j’y serais pour toujours. J’ai souvent revécu des môments en regardant des photos. J’ai ressenti une nouvelle fois l’odeur des rues d’Hanoi, la chaleur des temples d’Angkor. J’ai une nouvelle fois été époustouflée par la beauté du lac Inle.

Je ne pense pas que la technologie ou les réseaux sociaux nous rendent plus artificiels ou plus superficiels. À nous de savoir les utiliser.

j’ai soulevé de nombreux questionnements mais répondu à tres peu d’entre eux. L’important est de se poser les bonnes questions et d’être vrai, au moins avec soi meme.

Si vous avez des réponses à ces questionnements je serais heureuse de vous lire! Pour de vrai et pas pour du virtuel!

Je crois que l’on est pas si différent des anciens, notre facon de communiquer a changé. Les supports de communications ont eux aussi changé. Les voyageurs du passé ont eux mêmes contribué à leurs propres mythes. Pas toujours, c’est vrai. On ne connaîtra jamais leurs parts d’ombres,leurs doutes.On ne saura jamais comment il se sentait au fond d’eux, si ils étaient convaincu de leurs propres grandeurs ou si ils se sentaient misérables parfois. On connaît la vérité qu’ils ont bien voulu nous transmettre. Nous mêmes transmettons la réalité virtuelle que l’on souhaite. Nous sommes seulement des voyageurs… des voyageurs des temps modernes.

18 Comments

  1. Si l’on observe les journaux de bord des grands navigateurs, on peut s’apercevoir assez vite que non, le voyage n’était pas grandiose tous les jours. Des moments sublimes succédant à d’autres très difficiles. Mais pour faire bonne figure, on préfère souvent écrire sa propre légende plutôt que son quotidien plus prosaïque.

    Mais cette tendance en rencontre une autre actuellement : celle du « superhéros » qui laisse désormais entrevoir ses moments de faiblesse et qui le rend plus humain. C’est le cas au cinéma mais aussi sur certains blogs de voyage ou autres. Je pense que la sincérité finit par émouvoir plus que l’apparence idéale. S’intéresse-t-on plus au « plus beau voyage carte postale » ou à l’aventure humaine que cela représente ?

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    1. Bonjour tiphaine… Ton commentaire est très intéressant… Je crois que démystifier les super-héros est quelque chose de très contemporain. Depuis le xx siècle on s’intéresse plus à l’intime, plus à l’intériorité… Je crois que certains ont besoin de diffuser un idéal et ils trouvent un auditoire en quête de cet idéal, d’autres aiment partager leurs vécus et trouvent egalement un public…tout dépend… Je crois que plus on voyage plus l’on s’intéresse à la spiritualité et à la quête humaine…

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  2. Belle réflexion, en miroir des miroirs incessants que nous (nous) tendons pour nous sentir plus vivants dans le culte du présentéisme qui nous tient lieu de foi!
    Ton degré de philosophie de l’acceptation devient considérable quand tu dis : « Le pire des mensonges est le mensonge à soi même. Il faut avoir conscience de cette part de falsification pour être authentique et vivre un vrai voyage. » Il n’y a de vrai qu’en soi, serai-je tenté d’ajouter. Il n’y a pas de vrai voyage ! Il n’y a que du cheminement intérieur extériorisé. Et vice versa.

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    1. Merci !j’aime les reflexions sur le voyage. Je pense que c’est devenu un tel phenoméne à notre époque que l’on est obligé de pousser la réflexion. J’aimerai reflechir plus sur ce thème qui est plein de possibilités… En ce qui concerne ta réflexion à la fin du commentaire je suis d’accord mais etre vrai conduit à faire un vrai voyage non?

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      1. « Etre vrai conduit à faire un vrai voyage, non ? »
        Je sais que je n’en sais rien. Je sais que le vrai, à la recherche de l’authenticité perdue, pour paraphraser Proust, est aussi un mythe, que mon moi cultive avec délectation d’ailleurs. Je crains qu’il ne mène à rien.
        A l’aune de mon humble expérience de dandy du réel, je serais tenté de dire que pendant mon dernier voyage au Cambodge et au Vietnam, m’arrêter une demi-heure à l’angle de trois rues, durant mes pérégrinations à pied, pour juste regarder comme un ruminant ce qui (se) passe, absorber comme une éponge (c’est le travail du journaliste aussi) ce que je n’avais jamais fait à ce point jusqu’alors, est devenu un but.
        Et non plus un moyen. Echanger alors avec des passants via yeux et sourires ce que la parole ne permettait pas ou peu au delà de l’anodin. En voir certains sourire de ma position d’observateur immobile. Comme s’ils comprenaient fort bien mes tentatives d’imprégnation.

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  3. Je viens de découvrir cet article, et je me retrouve dans votre réflexion ! Mais je trouve que les moyens de communication moderne ont aussi un effet bénéfique : ils nous aident à vivre encore plus profondément un voyage, en le prolongeant avant (la lecture de blogs est devenue aussi importante pour moi qu’acheter un guide ou lire un livre / voir un film produit dans le pays de destination) et après (compte-rendu sur mon propre blog).

    Ce que je regrette, c’est la surconnexion pendant le voyage : vouloir partager tout, tout de suite, empêche d’une certaine façon l’immersion, la perte de repères sans lesquels il n’y a pas de voyage à mon sens. Après, cette logique s’adapte bien à des voyages de courte durée. Plus compliqué pendant un WHV ou un tour du Monde…

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    1. Ton commentaire est hyper interessant …oui voyager connecté c’est à double tranchant, je crois que de toute façon çela dénature et dédouble le voyage… À nous d’en tirer seulement les bons côtés!! Non?

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